Pourquoi « Soisy-Bouy » ?
Au moyen âge, un monastère fut fondé aux environs de l’église actuelle, par les moines de Provins. Ceux-ci donnèrent au prieuré le nom latin de « sociacum ». Ce mot signifie » ensemble » ; Soisy serait une déformation du nom latin.
Soisy, sous Napoléon, comptait 80 habitants pour une superficie de 300 hectares.
Le 9 août 1912, une partie de la commune de Gouaix était rattachée à la commune de SOISY. Le 5 mars 1926, une partie importante de la commune de Chalautre la Petite (environ 700 hectares) était rattachée à la commune de SOISY. Celle ci, par décret du 27 juin 1929, signé du ministre de l’intérieur André TARDIEU, et du président de la République, Gaston DOUMERGUE, donnait à SOISY, le nom définitif de SOISY-BOUY.
Le Blason
Blasonnement : d’argent au pairle d’azur orné de six lys d’or, adextré d’un pommier de sinople fruité d’or et sénestré d’un pampre de pourpre; au chef d’une goutte d’eau d’azur.
Supports : six épis d’or tigés de sinople et noués tricolore.
Couronne murale et lambel au nom de la ville
La symbolique des armoiries de Soisy-Bouy
Les armoiries, née au Moyen-Âge pour reconnaître les croisés qui les portaient sur leurs boucliers, servent à distinguer, par leurs symboles et leurs émaux une communauté et à traduire son esprit et son histoire.
Dans celles de Soisy-Bouy, tel étant le nom de cette commune depuis le décret du 27 juin 1929 et à la suite d’une loi du 5 mars 1926 qui lui rattacha le hameau de Bouy, nous remarquons en pièce honorable la pairle qui symbolise le pallium, claire évocation de Saint Edme, Archevêque de Canterbuy en 1233, primat d’Angleterre en 1234. À cette époque, un désaccord s’étant levé au sein du clergé à la suite d’un conflit entre Henri III (Roi d’Angleterre) et le Pape Grégoire IX, au sujet de la collation des bénéfices ecclésiastiques, Saint Edme se réfugia en France où le Roi Saint -Louis l’accueillit et connaissant sa haute vertu, lui fit l’honneur de recevoir sa bénédiction.
Ensuite s’étant retiré dans l’abbaye cistercienne de Pontigny où il observait des strictes règles, épuisé d’abstinences, les médecins lui conseillèrent de se rendre au prieuré de Notre-Dame de Soisy pour se soigner mais il s’éteignit le 16 novembre 1240 au prieuré. Son corps fut ramené par sa volonté à Pontigny où il avait promis de retourner pour la fête de Saint Edmond, Roi anglo-saxon dont il repris le nom. Il fut canonisé par la Pape Innocent IV le 16 décembre 1246 ; Soisy lui dédia l’église paroissiale de Notre-Dame.
Le six lys d’or sur azur symbolisent l’Ile-de-France, région à laquelle se rattache la commune, l’arbre et le pampre évoquent les activités agricoles propres au canton de Bray-Sur-Seine, ainsi que la goutte d’eau qui rappelle la Méance, qui se jette dans la Voulzie affluent de la Seine. Ses coteaux de vignoble et d’arbres fruitiers sont symboles de vie, de sagesse, de connaissance ; l’arbre de sinople richesse, alors que le pourpre du pampre est une marque de tempérance, de réflexion, de lucidité, d’équilibre et de puissance.
Le champ d’argent est une marque de franchise, de droiture d’action, de fidélité et de sagesse.
Pour ce qui est des ornements extérieurs de l’écu nous remarquons six épis d’or tigés de sinople qui nous rappellent que Soisy-Bouy possède des plaines et des vallées, où on cultive des céréales et des prairies.
La couronne murale est actuellement la seule forme de couronne que le conseil historique et héraldique de France est en mesure d’amplier en chancellerie. Aussi, considérant que Soisy-Bouy ait eu ou non par le passé le privilège de timbrer ses armes de la sorte, le seule fait de se constituer en qualité de collectivité enracinée dans la tradition, en prouvant son désir de se conformer aux lois du blason, lui confère l’autorisation, de jure comme de facto, opposable aux tiers, de timbrer ses armes d’une couronne murale.
Le château de Montramé
Bâti au XIIème siècle, détruit en partie à la révolution, les bâtiments qui subsistent (belles salles voûtées, petite chapelle romane et pittoresque escalier de pierre) ont été restaurés avec soin en 1927.
En 1928, M. Clarenc, grand père de Jean Claude Arnoux, avait déjà à l’époque fait quelques travaux sommaires.
En 1969, le Dr Arnoux et ses fils, l’un ayant une entreprise, et l’autre étant architecte,ont commencés à restaurer les bâtiments principaux, puis plus tard les jardins. En 1976, ils ont obtenu un 2ème prix des Chefs d’œuvres en périls Il y a normalement une plaque en bronze à l’entrée du château, qui le signale.
Cette restauration ayant coûté énormément d’argent, ils ont été obligés de se séparer de la propriété avec beaucoup de regrets, après avoir essayé de la vendre en 4 lots afin de faire 4 résidences de prestige.
C’est un entrepreneur parisien prenant sa retraite qui l’a acquit, et lui même l’a revendu quelques années après, à l’actuel propriétaire.
source : http://ghislain.simonnet.pagesperso-orange.fr/soisybouy/profile.html
Chalautre-la-Petite pendant la guerre
Il y a 75 ans à cette heure-ci, un drame épouvantable a endeuillé notre village de Chalautre-la-Petite.
Ce dimanche, les troupes américaines et anglaises débarquées en Normandie au début de Juin 1944 chassent l’envahisseur du sol français. Elles approchent de la région de PROVINS, aussi les Allemands se replient-ils au plus vite, les convois ne circulent que la nuit pour éviter les bombardements continuels d’une puissante aviation, le jour, ils se cachent sous les arbres le long des bois.
C’est ainsi qu’après avoir été mitraillées sur le plateau des Grattons où les Allemands laissèrent quinze homme morts et une quarantaine de chevaux, deux formations d’artillerie mêlées d’infanterie SS descendirent dans la vallée des Méances sur CHALAUTRE le matin vers dix-heures ; l’une s’installa le long du chemin des Prés dans le bas du pays, l’autre à l’entrée nord sur la route de Provins.
Malgré cet afflux de plusieurs centaines d’Allemands la journée fut calme… En fin d’après-midi, trois américains venant de BOUY dans une voiture automobile descendirent par le chemin dit de la Folie à travers les bois du bouchot. Laissant leur voiture sur la route dans le détournement de celle-ci. Ils arrivèrent sur le pont du ruisseau près de la propriété de BELLIARD. Celui-ci ancien commandant d’Etat Major retraité, parlant couramment l’anglais, s’entretient avec eux pendant quelques temps. D’autres habitants proches sont venus leur serrer la main et les renseigner. Sur ces entrefaites, arriva un Allemand qui fut fait prisonnier par les Américains qui, longeant le mur, avancèrent jusqu’à la ferme NUYTTENS et capturèrent un autre Allemand qui descendait à vélo, puis ils repartirent avec leurs prisonnier.
Les SS s’étant aperçus que des hommes manquaient à l’appel, firent des recherches brutales un peu partout et prirent vingt-deux otages.
Raoul DESBROSSES, le jeune René MILLARD et un russe nommé Pierre BRUNSTELLER travaillant comme charretier chez Madame Veuve MILLARD, mère du jeune René MILLARD furent emmenés. Puis, ce fut le Commandant BELLIARD qui fut invectivé et emmené malgré ses soixante-cinq-ans.
Plus haut, à la ferme NUYTTENS, les ouvriers étaient en train de dîner, ils prirent le patron et trois ouvriers, Alphonse MAROT, Louis DIDELOT et Jean VOISOT. Le jeune vacher, emmené avec un cheval attelé, est parvenu à se sauver à la sortie du pays dans les bois des Fontaines. De plus trois autres chevaux harnachés de la même ferme furent réquisitionnés. Habitant à côté, le jeune André VILLIERS travaillant aussi à la ferme comme conducteur de tracteur et son père Robert VILLIERS furent pris également.
Trois autres SS et un officier parlant français se présentèrent chez Felix FONTANEL et emmenèrent le père et le fils Jean.
Dans les mêmes conditions, d’autres soldats allèrent chercher Albert FRANÇOIS, entrepreneur de maçonnerie , l’instituteur TANNEUR, père de trois enfants, le marchand de vins Marceau DURUP, père d’une fillette, Georges RAGOUAS, père de quatre enfants, Marius VILLIERS, père de deux enfants, Gilbert LABARRE ainsi que Maurice CHERIOT, fils aîné de Prudent CHERIOT.
Deux étrangers au pays furent également emmenés. Albert CHAUSSEMY était un ouvrier d’une usine parisienne écrasée par les bombes, sa femme et un jeune enfant étaient là depuis quelques mois et lui depuis huit jours seulement et Robert PINÇON venu de CHAUMES EN BRIE, conduisait une voiture à deux chevaux réquisitionnés par l’autorité allemande, ses chevaux furent tués par les bombardements aériens et lui échoua à CHALAUTRE, on ne sait comment ! ! Il parvint à se sauver.
En tout, vingt-deux malheureux otages furent réunis près de chez BASSET à la sortie du pays, sur la route de PROVINS. Ensuite les SS démarrèrent et les firent suivre derrière la colonne trois par trois entourés de soldats en sentinelles prêts à tirer, pour prendre la route de SOURDUN.
Arrivés en haut du plateau, dans le tournant de la route, près de l’observatoire pour avions établie par l’armée allemande à l’intersection de le route et du chemin rural allant aboutir sur la route d’Hermé, les SS firent aligner côte à côte perpendiculairement à la route, nos malheureux concitoyens, sur la gauche de la route. Le commandant BELLIARD, qui comprenait l’allemand, entendit l’officier commandant le détachement dire « il faut les abattre ». En effet, une douzaine de ces lâches sous ses ordres munis de mitrailleuses tirèrent sauvagement.
A ce moment terrible et affreux, quelques-uns purent se sauver sans être touchés par les balles et à la faveur de la nuit tombante. L’instituteur TANNEUR, Marius VILLIERS, Raoul DESBROSSES et Stanislas TYLEK revinrent indemnes à travers champs, évitant la route de crainte de rencontrer d’autres soldats. Marceau DURUP blessé au visage revint seul. Certains se baissèrent instinctivement ou se tournèrent de côté et furent plus ou moins blessés ; mais 13 d’entre eux tombèrent sous les rafales de balles. Quand tous furent couchés sur le sol, ces sauvages assassins s’acharnèrent sur leurs victimes en tirant dans la tête des coups e revolver à bout portant sur ceux qui râlaient. Leur tuerie accomplie, ces tristes bandits se sauvèrent tous en bicyclette pour rattraper la colonne qui ne s’était pas arrêtée.
Quelques-uns étaient blessés plus ou moins gravement mais n’osaient bouger. Au bout de quelques temps, Félix FONTANEL se releva sans aucune blessure, son fils Jean, près de lui, touché à la poitrine, put en faire autant et aussi Prosper NUYTTENS plus gravement atteint à la poitrine et la mâchoire fracassée perdant son sang en abondance . Il appela FONTANEL père et fils partis devant lui qui l’attendirent et le ramenèrent.
Avant le départ de CHALAUTRE de la colonne allemande, l’officier commandant le détachement, accompagné de quelques hommes armés de mitraillettes, fit réunir par son de caisse, tous les habitants, hommes et femmes, sur la place avec interdiction de bouger avant l’arrivée de la gendarmerie allemande.
Tout ceci se passa avec une telle rapidité que beaucoup ignoraient la prise d’otages. Ce n’est qu’au bout de près de deux heures d’attente qu’enfin revint le premier l’instituteur M. TANNEUR. Cet homme, jeune et alerte et bien placé à l’extrême gauche de la colonne a pu se sauver dans les champs sans être atteint. Celui-ci expliqua sommairement ce qui s’était passé sans pouvoir donner de détails.
C’est alors que M. SY demanda des volontaires pour aller au secours de nos malheureux chalautriers dont nous ignorons le sort.
Une demi-heure après, on appelait Suzanne DIOT. C’est Felix FONTANEL qui lui apprit que son mari Prosper NUYTTENS était rentré blessé gravement et qu’il l’avait ramené avec son fils Jean blessé également, mais plus légèrement. Nous avons eu la chance dans notre malheur d’avoir à notre disposition les bons soins de la doctoresse LIBERT NORIOT qui s’est dépensée sans compter auprès de nos blessés.
Puis revinrent sains et saufs Marius VILLIERS, Raoul DESBROSSES et Stanislas TYLEK qui annoncèrent de nombreux morts. De nombreux volontaires partirent. Le retour des premiers fut pénible , ils nous firent un tableau terrifiant de ce qu’ils avaient vu. Trois voitures furent immédiatement attelées pour ramener nos chères victimes. Treize morts furent chargés et ramenés dans la nuit sous le préau de l’école au milieu des familles effondrées en les reconnaissant. Cris de douleur, moment pénible pour tous, lugubre, infiniment triste, inoubliable.
Les témoins de ce drame sont, à mesure que le temps passe,de moins en moins nombreux.
Les personnes qui ont vécu ces instants tragiques peuvent témoigner des souffrances physiques et morales endurées par les familles concernées et de l’horreur qui a frappé la population toute entière.
Cette cérémonie, sobre et et recueillie est le témoignage du respect et du souvenir que nous gardons de 13 martyrs, victimes innocentes, devant lesquelles nous nous inclinons ce soir, sur le lieu de même de leur ultime sacrifice.